Interdire le recours aux applis de santé pour les assurances
Ce mercredi, en commission Économie de la Chambre, sera normalement voté un texte qui nous touche tous : il est défendu par le député Christophe Lacroix (PS) et vise la suppression de l’utilisation des données de santé par les assureurs. On ne vise pas ici les formulaires médicaux à faire remplir par votre médecin quand vous souscrivez certaines assurances, mais les applications de santé qui contournent justement le corps médical.
OUTILS SYMPAS, MAIS…
Ces applis sont des outils bien sympas. Nous en avons quasi tous et toutes sur nos smartphones : elles permettent de quantifier une activité ou un paramètre physique (Runkeeper, Runtastic…) ; de surveiller la nutrition (MyFitness Pal…) ou le poids (balance connectée : Withings, Fitbit) ; de suivre un facteur de risque (hypertension, diabète…), etc. Leur usage est informatif, voire ludique, mais elles peuvent constituer une opportunité dans le domaine médical. « Elles représentent également un danger dans le domaine des assurances », explique Christophe Lacroix. « Certains assureurs exigent d’y avoir accès pour accorder certains avantages, afin d’opérer une segmentation abusive entre les gens en bonne santé et les autres en moins bonne santé. » Les inégalités socio-économiques se répercutent aussi au niveau de l’état de santé. M. La- croix rappelle que les plus précarisés ont un taux de mortalité, avant 65 ans, deux fois plus élevé que les milieux les plus aisés. « Selon une étude de Solidaris, les plus précarisés sont moins nombreux (33 %) à se souvenir des messages de santé et passent aussi sous les radars des campagnes de dépistage. » Pour le député, c’est clair : « L’assurance maladie doit être fondée sur un modèle de mutualisation partielle ou totale des risques devant la maladie, sans pratique discriminatoire fondée sur l’état de santé ».
EXEMPLES À L’ÉTRANGER
Une crainte exagérée ? M. Lacroix relève des exemples à l’étranger : en France, Axa Santé a proposé, il y a quelques années, à 1.000 de ses assurés d’être équipés d’un tracker d’activités. En Suisse, le « Groupe Mutuel » a proposé de rembourser à hauteur de 25 % l’achat d’un produit de la gamme Fitbit. Enfin, aux États- Unis, l’assureur Discovery a créé une formule qui intègre habitudes sportives et comportements alimentaires de ses clients, mesurés à l’aide d’un bracelet connecté. Les bons comportements sont récompensés par des réductions de primes ou des billets d’avion. Chez nous, ces pratiques ont été constatées jusqu’ici, que dans le secteur des assurances voitures destinées aux moins de 26 ans (réduction de prime si le conducteur embarque un objet connecté qui analyse à tout moment sa conduite).