L’Ile de France critiquée pour la gestion des données personnelles
La sécurité informatique de la région est insuffisante, selon un rapport de la chambre régionale des comptes
Le document est court mais sévère. Dans un rapport de 25 pages mis en ligne mercredi 28 juillet, la chambre régionale des comptes d’IledeFrance met en lumière les failles de la région concernant la gestion des données personnelles et la sécurité informatique, et demande à sa présidente tout juste réélue, Valérie Pécresse, de se mettre au plus vite en conformité avec les règles en la matière.
Une pierre dans le jardin de l’ancienne ministre sarkozyste, désormais candidate à l’Elysée, qui souhaite développer l’utilisation de l’intelligence artificielle et de la reconnaissance faciale pour lutter contre la délinquance, mais peine à mettre à niveau la collectivité qu’elle dirige. « Si les systèmes d’information de la région Ile de France ont été en partie confortés depuis 2017, ils restent en deçà de la robustesse et de la sécurité nécessaires à une collectivité qui a fait du numérique un axe central de son action, synthétisent les magistrats dans leur rapport. Il en est particulièrement ainsi en ce qui concerne la gestion des données personnelles. »
La chambre régionale des comp tes s’était déjà penchée à plusieurs reprises sur les pratiques de la région dans le domaine informatique. « Un point de faiblesse historique de la collectivité régionale », souligne telle. En 2009, alors que le socialiste Jean Paul Huchon présidait l’Ile deFrance, un précédent rapport s’était alarmé d’« une absence de stratégie informatique». Quand Valérie Pécresse lui a succédé, en 2015, « le système d’information était in complet, peu intégré », « des outils étaient obsolètes, mal paramétrés, mal utilisés ». Depuis, des progrès sont intervenus, mais le dispositif ne paraît toujours pas à la hauteur. Entre la volonté affichée de faire de la région parisienne « la première smart région d’Europe » grâce à la « transformation numérique du territoire » et la réalité, l’écart demeure trop important.
Le point le plus critique porte sur le traitement des données personnelles. Depuis l’entrée en vigueur du nouveau règlement général sur la protection des données (RGPD), en mai 2018, les entreprises comme les collectivités publiques doivent respecter une série d’obligations pour protéger la vie privée des personnes sur lesquel les elles disposent d’informations. Or la région, qui gère en particulier les lycées et les transports en commun, s’est souciée trop tard du sujet. Elle a mis en place un comité pour s’en occuper cinq mois seulement avant la date butoir.
Résultat : en 2020, quand les ma gistrats ont voulu faire le point, la région « n’était pas en mesure de garantir la protection des données personnelles qu’elle utilise », écrivent ils. Elle ne connaissait même pas le nombre de fichiers en cause. Au fil des échanges, les fonctionnaires ont évoqué « 289 traitements » de données à caractère personnel figurant dans le registre devenu obligatoire, 356 traitements, puis 394.
« La région tient à préciser qu’elle connaît le nombre de ses traitements RGPD qui s’établit à 473 », affirment à présent les services de Valérie Pécresse. Mais ces fichiers et la façon dont la région en fait usage sont ils conformes à la loi et aux règlements ? « Plus de deux ans après la date limite de mise en œuvre du RGPD », la région n’est toujours pas à même de garantir la conformité de ce qu’elle fait, « y compris pour les données les plus sensibles », constatent les magistrats. Une situation à risque pour les habitants, mais aussi pour la région, qui « s’expose à des sanctions de la Commission nationale de l’informatique et des libertés ». La chambre régionale demande donc de « finaliser sans délai » cette mise en conformité. L’opération sera achevée « d’ici à la fin de l’année 2021 », a promis Valérie Pécresse dans sa réponse.
« Aucune attaque n’a abouti »
Autre grand sujet, la sécurité in formatique. Après avoir « souffert d’un manque d’intérêt de la part de la collectivité », le dossier « a été repris en main récemment », relève le rapport. La région a lancé fin 2020 un audit de sécurité sur l’ensemble de ses infrastructures informatiques et effectué des tests d’intrusion. Depuis 2017, le dispositif « permet une reprise d’activité en cas de perte d’une des deux salles informatiques ». Ces dernières années, des pirates ont d’ailleurs tenté de s’en prendre à ses systèmes d’information, mais « aucune des attaques n’a abouti », se réjouit David Bonneau, le direc teur général des services.
Globalement, « des points de faiblesse majeurs restent à lever en matière de sécurité et d’infrastructures », jugent toutefois les magistrats, évoquant la cartographie des infrastructures, l’élaboration d’un plan de secours ou encore le déploiement total du WiFi dans les lycées. «Nous avons eu du retard dans certains domaines, mais la crise du Covid19 a montré notre efficacité, réplique ton au siège de la région. Comme nous avions déjà largement recours au télétravail, le confinement n’a pas rompu la continuité du service public, et, malgré quelques bugs, les cours à distance ont été mis en place pour un nombre énorme de lycéens. »