Nouveau : les murs du métro de la RATP vous espionnent
JUSQU’À PRÉSENT, les voyageurs du métro parisien regardaient les affiches dans les couloirs et sur les quais. Bientôt, ce sera l’inverse : les écrans de pub scruteront les passants ! Comment ? Grâce au déploiement à grande échelle par la RATP de panneaux numériques dotés de capteurs d’audience espions.
Cette nouveauté est l’une des discrètes clauses du giga-marché de gestion des espaces publicitaires attribué à la mi- novembre à Media Transports. La filiale de Publicis, dont Maurice Lévy préside le conseil de surveillance, a raflé ce contrat d’une durée de cinq ans, censé démarrer en 2022. Au menu : une foultitude d’idées géniales pour rendre le matraquage publicitaire plus rentable encore. Et plus précis le ciblage des voyageurs…
Dès 2019, Metrobus, filiale de MediaTransports, avait expérimenté des boîtiers de mesure d’audience, conçus par la start-up Retency, qui avaient été installés dans des dizaines de panneaux numériques, eux- mêmes répartis dans plusieurs stations. Leur vocation : aspirer les données identifiant les smartphones pour comptabiliser les passants et évaluer l’efficacité des campagnes. Un rêve éveillé pour les marchands de yaourts.
Mangeur de cookies
A partir de l’an prochain, la fête sera complète ! Non seulement les capteurs seront déployés par milliers dans les couloirs du métro, mais les informations recueillies seront couplées aux bases de données spécialisées dans les profils de consommateurs, telles que Weborama. Ce grand mangeur de cookies Web est détenu par Ycor, la holding luxembourgeoise familiale de… Maurice Lévy, qui thésaurise les informations de millions d’internautes. Le croisement de ces données permettra de savoir, par exemple, combien de voyageurs sont des amateurs de cuisine ou des fondus d’horticulture. Des informations que la régie pub de la RATP devrait vendre cher. Mais aucun risque pour la vie privée, jure la RATP : « L’anonymisation stricte des données est garantie. »
D’ailleurs, la Commission nationale de l’informatique et des libertés n’y voit pas malice. « De tels dispositifs ne sont plus soumis à une demande d’autorisation », explique-t- elle. Ils relèvent désormais d’« une logique de responsabi lisation » par les acteurs concernés. Rassurant !
Seules obligations : que les données chipées par les capteurs soient rapidement anonymisées, que les intéressés en soient informés de façon « visible et compréhensible » et qu’ils aient la possibilité de s’y opposer. Metrobus et Retency, qui seront chargés de croiser les deux bases de données, se plient déjà à cette contrainte avec déférence : les minuscules notices expliquant leurs droits aux usagers sont placées au pied des écrans.
A quelques centimètres du sol.